Retour des terroristes tunisiens : les avis divergent
La question qui préoccupe actuellement l’opinion publique ainsi que la classe politique en Tunisie est l’éventuel retour des terroristes ayant opéré dans les foyers de tension en Irak et en Syrie. Les avis divergent sur cette question puisque des partis politiques appellent au rapatriement de ces terroristes pour qu’ils soient jugés en Tunisie et d’autres exigent que ces terroristes soient jugés par les pays dans lesquels, ils ont perpétré leurs crimes.
Jawhar Ben Mbarek : certains pensent que les terroristes sont des militants
Le président du réseau Dostourouna, Jawhar Ben Mbarek a déclaré dans Midi Show de ce mercredi 28 décembre 2016 qu’il n’y a pas de partis qui soutiennent le terrorisme en Tunisie mais certains pensent que les terroristes en Syrie sont des militants qui se sont rendus dans ce pays pour lutter contre l’oppression.
Il a affirmé que la Tunisie a besoin d’un cadre constitutionnel pour le traitement de ce dossier et que même le système pénitentiaire a besoin de réformes. Il a ajouté que ces terroristes doivent être rapatriés mais l’Etat n’est pas actuellement en mesure de les accueillir.
Par ailleurs, Jawhar Ben Mbarek a indiqué que la constitution interdit la déchéance de la nationalité des terroristes et que même en cas d’amendement de la constitution, la loi internationale interdit la déchéance pour tous mononationaux.
Ben Mbarek a rappelé que l’Irak et la Syrie ont rejeté les requêtes tunisiennes sur le rapatriement des terroristes tunisiens et ont exigé qu’ils soient jugés sur leurs terres puisqu’ils ont commis des crimes contre leurs peuples respectifs. Il a ajouté qu’il ne comprend pas pourquoi la Tunisie refuse toujours de rétablir les relations diplomatiques avec la Syrie.
Samir Dilou : assez de démagogie participative
De son côté, le dirigeant du mouvement Ennahdha, Samir Dilou a affirmé que ceux qui lèvent des slogans comme « Non au retour des terroristes tunisiens » font de la démagogie participative et détournent l’opinion publique de la vraie question qui est celle de savoir comment gérer les cas des terroristes qui seront de retour, parce que plusieurs terroristes vont tenter de revenir par les voies non-régulières.
Il a souligné qu’il est hors de question d’amender la constitution et que la loi antiterroriste donne à l’Etat une marge de manœuvre importante en ce qui concerne le traitement des cas de terroristes qui veulent quitter la Tunisie ou revenir des foyers de tension.
Selon lui, les appels au non retour des terroristes peuvent être considérés comme des appels implicites à l’impunité et que les terroristes jugés pourraient permettre aux services de renseignements de bénéficier d’une vraie mine d’informations.
Par ailleurs, Samir Dilou, a précisé que les déclarations de Rached Ghannouchi ont été mal interprétées et que le président du mouvement Ennahdha ne voulait pas dire que les terroristes seront accueillis en héros mais ils seront aussitôt jugés et emprisonnés.
Sofiène Toubel : les terroristes ne sont des tunisiens
Sofiène Toubel, président du bloc de Nidaa Tounes à l’ARP, a estimé que la constitution et lois tunisiennes ne s’appliquent pas à ces terroristes parce qu’ils ont renoncé à leur patrie et ont prêté allégeance à l’Etat Islamique (Daesh).
Il a indiqué que ces terroristes doivent rester dans les pays dans lesquels ils ont opéré, parce qu’ils représentent un danger potentiel pour les tunisiens ainsi que pour la sécurité nationale.
Toubel a souligné que les députés de Nidaa Tounes ont procédé à une action protestataire à l’ARP après avoir reçu des informations selon lesquelles, les terroristes tunisiens seront rapatriés.
Selon lui, l’amendement de la constitution ou une initiative législative s’imposent pour résoudre ce problème.
Zied Lakhdhar : la Tunisie deviendra une « poubelle »
Par ailleurs, le secrétaire général d’Al Watad, a affirmé que des puissances étrangères impliquées dans le conflit syrien veulent transformer la Tunisie en « poubelle » pour abriter les terroristes qui opéraient à l’étranger et créer de nouveaux foyers de tension au Maghreb dans le but de déstabiliser l’Algérie.
Il a ajouté que les déclarations du président de la république Béji Caid Essebsi sur une loi de repentance (Tawba) et de celles de Rached Ghannouchi à Kairouan témoignent d’une volonté de faire venir les terroristes en Tunisie.
Zied Lakhdhar a affirmé qu’il est contre la déchéance de la nationalité pour les terroristes tunisiens mais pense que ces éléments doivent être jugés par les autorités des pays dans lesquels ils opéraient.
Il a souligné que la Tunisie doit rétablir les relations avec la Syrie et attendre jusqu’à ce que le système pénitentiaire local soit en mesure de gérer la question des terroristes tunisiens.